Le plus grand violoniste de tous les temps
Niccolo Paganini était un grand virtuose du violon, lui seul pouvait faire rendre des sons étonnants à son instrument. On dit qu’il exécutait le tour de force de faire des montées et des descentes rapides de plusieurs octaves, des doubles harmoniques, des variations sur une seule corde. On dit également qu’il avait le don de donner à son instrument des sonorités de basson ou de voix féminines aigues. Il pouvait aussi combiner des pizzicati de la main gauche tout en jouant de la main droite, donnant ainsi l’illusion que deux violons jouaient en même temps et non un seul. Les prouesses de Paganini à son époque étaient telle que la rumeur courut qu’il avait passé un pacte avec le diable! Il fit toujours salle comble, même en période d’épidémie et sa vie amoureuse fut fort satisfaisante.
Un médecin américain, le Dr Myron D. Schoenfeld, intrigué par l’étrange virtuose mena une enquête médicale sur Niccolo Paganini. En effet, l’apparence du musicien était curieuse; il était très grand, maigre, anguleux même, la peau de teinte cadavérique, il présentait de longs doigts osseux ainsi que des orbites creuses et un nez effilé. Le médecin personnel du musicien a laissé des informations intéressantes le concernant, il précise que Paganini avait un conduit auditif très profond ( notons en passant que ses qualités de compositeur n’atteignaient pas, loin de là, ses capacités de virtuose ). Les ligaments de ses épaules étaient très élastiques, ainsi que ceux des poignets, de l’avant-bras et des phalanges. L’homme est donc tout en longueur ( surtout pour les membres supérieurs) et en souplesse. Il est fort probable que ce sont ces capacités physiques qui lui ont donné les moyens d’accomplir de telles prouesses musicales.
Le Dr Schoenfeld remarque également que l’homme a les gros orteils anormalement longs, le palais très voûté et une hyperextensibilité des ligaments, ce qui lui amène de fréquentes foulures et entorses. Paganini présentait également un sous-développement musculaire, entraînant une insuffisance du tonus musculaire et cardiaque, il avait de plus, une peau fine et très parcheminée. Cet ensemble d’éléments physiologiques décrit tout à fait… le syndrome de Marfan. Il s’agit d’une maladie récesssive, dûe à une anomalie chromosomique. En d’autres mots, Paganini était… une sorte de mutant. Le fait que le musicien s’habillait de façon curieuse; vêtements noirs et élimés, gilets jaune vif, etc.. et qu’il avait bon nombre de mouvements excentriques surtout sur scène, contribuèrent également à former sa légende de damné.
Niccolo Paganini eut une carrière couronnée de succès et de gloire. Lorsque sa carrière de concertiste et de compositeur se termine, il s’improvise marchand d’instruments à cordes rares et précieux. Il perd la voix en octobre 1838 s’éteint, quelques années plus tard, le 27 mai 1840, dans son appartement du Vieux Nice.
Paganini, ayant toujours la réputation d’avoir fait un pacte le diable et n’était pas en bon terme avec l’évêque de Nice qui l’accusait d’impiété. Ce dernier lui interdit l’inhumation en terre consacrée C’est le comte de Cessole qui fit embaumer la dépouille et, lors de son exposition, reprennent alors les commérages prétendants que l’on exposait le corps du diable. L’exposition de Paganini fut donc avortée et le comte de Cessole fit placer le corps dans une cuve d’huile situé dans l’une de ses propriétés. En 1844, la cuve fut déplacée à la maison paternelle de Paganini à Romairone dans le val Polcevera près de Gênes, puis à la villa Paganini à Gaione près de Parme en 1853.
En 1876, 36 ans après sa mort, le pape Pie IX ayant réhabilité Paganini, le corps est enfin transféré solennellement au cimetière de la Steccata à Parme. Malheureusement, vingt ans plus tard, suite du déclassement du cimetière, son corps est placé dans un monument au centre du cimetière de la Villetta de Parme.
La communauté musicale étant saisie de doute, après un tel périple, sur l’authenticité du corps, le cercueil est ouvert en 1893 en présence de son fils et du violoniste František Ondříček et en 1896, puis de nouveau en 1940 à l’occasion du centenaire de la mort de l’artiste.
Il aura fallu 100 ans au prodige Niccolo Paganini avant de pouvoir dormir en paix.
Science et vie, mars 1978