Le Braillard de La Madeleine.
Qu’était-ce au juste que ce « Braillard » dont les cris plaintifs ou les hurlements furieux causaient autrefois tant de frayeur aux habitants de la côte nord, entre Madeleine et l’Anse-Pleureuse ? On l’ignorait avant 1814 et il fallut la bravoure d’un missionnaire pour découvrir la cause du mystère et la faire disparaître.
Revenant de Gaspé à Québec, en 1814, l’abbé C.-F. Painchaud, missionnaire, fut un jour retenu à Madeleine par une tempête et il fut à même d’entendre les hurlements
du Braillard. Voyant l’effarement des gens et se doutant bien que les bruits provenaient d’une cause physique ordinaire, il dit à ceux qui l’entouraient :
« Laissez-moi aller seul dans la direction du Braillard et je vous promets de l’apaiser ».
Mettant une hache à sa ceinture, il s’enfonça dans la forêt, sans se laisser effrayer par
Les cris qui augmentaient de violence. Bientôt, le phénomène lui apparut dans toute sa simplicité. Deux arbres, inclinés l’un sur l’autre en forme de « x », ne semblaient former à leur point d’entrecroisement qu’un seul tronc, tant ils étaient rapprochés. Lorsque
Le vent les secouait, ils se frottaient l’un contre l’autre, d’où ces bruits criards ou plaintifs, suivant la violence et la direction du vent. M. Painchaud revint tout glorieux de son exploit, qui lui avait coûté plusieurs heures de marche, et aux gens qui l’entouraient à son retour, il montra sa hache d’une façon très significative, en leur disant :
« Mes amis, vous n’entendrez plus le Braillard, je viens de lui faire bonne justice ».
De fait, il avait eu soin d’abattre un des deux arbres, qui depuis tant d’années avaient été la terreur des habitants de la région.